10 June 2023
Objet : Préoccupation et indignation.
Chère Mme Monnot,
Nous soussignés, membres de la communauté éthiopienne en France, membres du groupe de travail en défense de l’Ethiopie en Europe (DETF-EU) organisée en Allemagne, Belgique, Danemark, Espagne, France, Irlande, Italie, Norvège, Pays-Bas, Royaume-Uni, Suède, Suisse et République tchèque œuvrant dans diverses institutions multilatérales et privées, vous écrivons pour vous exprimer respectueusement notre profonde préoccupation concernant le manque d’impartialité du journaliste Noé Hochet-Bodin dans vos colonnes. En tant que lecteurs attentifs et fidèles de votre journal, nous sommes de plus en plus troublés par les biais manifestes et les opinions partisanes qui semblent se glisser dans ses articles concernant l’Éthiopie.
Quand bien même nous respectons « la défense de la liberté de l’information, du commentaire et de la critique », il n’en reste pas moins que le journaliste doit maintenir une neutralité et une objectivité rigoureuses dans le traitement de l’information. Malheureusement, nous constatons que Noé Hochet-Bodin semble souvent manquer à cette responsabilité fondamentale. Ses reportages et ses analyses sur l’Éthiopie, en particulier ceux pendant et après le conflit au Nord du pays, ont continué à être souvent teintés d’une perspective clairement biaisée, malgré certaines interpellations directes sur les médias sociaux. Ceci inévitablement, compromet la crédibilité du journal, mine la confiance des lecteurs qui connaissent l’Éthiopie et peint un portrait erroné de la situation en Éthiopie.
Nous avons remarqué à plusieurs reprises des exemples de partialité flagrante dans les articles de Noé Hochet-Bodin sur l’Éthiopie. Ses choix de sujets et les angles sous lesquels il les présente semblent souvent favoriser une vision tronquée ne laissant que peu de place à d’autres perspectives et opinions divergentes. Ceci, a donné et donne toujours une fausse image de l’Éthiopie envers vos lecteurs. Il va sans dire que ses commentaires personnels et ses interprétations subjectives donnent une impression de partialité et de manque d’objectivité, dans l’irrespect de la vérité due au public.
En plus de ses écrits durant le conflit qui clairement reflétaient une flagrante sympathie pour le groupe dissident, Noé Hochet-Bodin récidive dans son l’article paru le 24/05/2023 portant sur le Lycée Guebre-Mariam Franco -Éthiopien d’Addis Abeba. Cet article est truffé d’exagérations portant atteinte à la respectabilité de cette institution centenaire. Noé Hochet-Bodin met un fort accent déraisonné sur les potentiels défis auquel l’établissement ferrait face, alors même que les parents et anciens élèves soulignent le maintien de la qualité de la formation d’hier, comme d’aujourd’hui, en dépit de la diminution de financement et du désintéressement graduel de la France.
En tant que lecteurs, nous attendons du journal Le Monde qu’il fournisse une information, désintéressée, impartiale, équilibrée et complète. Les lecteurs du journal Le Monde doivent avoir accès à une variété de points de vue sur les problèmes d’actualité en Éthiopie, le Lycée Guebre-Mariam Franco -Éthiopien, ce qui leur permettraient de se forger une opinion éclairée et informée. Malheureusement, le persistant manque d’impartialité de Noé Hochet-Bodin dans vos colonnes, remet en question notre confiance et nous interroge sur la capacité du journal à continuer à proposer une couverture objective sur l’Éthiopie.
Nous vous saurions gré de bien vouloir prendre les mesures idoines pour rectifier cette situation. Eu égard à la relation centenaire et cordiale entre l’Éthiopie et la France, il est essentiel qu’il soit rappelé à l’envoyé spécial, Noé Hochet-Bodin, l’importance fondamentale de l’impartialité et de l’objectivité dans son travail, surtout quand il s’agit de pays comme l’Éthiopie qui est peu connue du grand public Français. Une consultation de la communauté éthiopienne en France et les anciens du Lycée Guebre-Mariam Franco-Éthiopien en Éthiopie, en Europe et aux États-Unis, y compris les non-éthiopiens qui eux-mêmes envoient leurs enfants dans cet établissement, vous donneraient une idée bien différente de cet établissement. Il faut que ce quotidien si respectable puisse continuer d’être une source fiable d’informations pour les lecteurs. Un rappel de l’éthique et des principes journalistiques clés serait bénéfique.
Par respect à ce grand journal, nous espérons de tout cœur, Mme Monnot, que vous prendrez en compte cette préoccupation et que des mesures correctives seront appliquées. En tant que lecteurs engagés et réguliers, nous aimerions que le Journal Le Monde continue dans sa grandeur tout en maintenant les normes journalistiques les plus élevées, afin que nous puissions continuer à nous fier à vous pour des informations impartiales, précises et compréhensives sur l’Éthiopie, avec les nuances nécessaires sur des sujets liés à l’Éthiopie.
Dans l’attente de changements bénéfiques pour toutes les parties, nous vous remercions pour l’attention que vous voudrez bien accorder à ce courrier.
Veuillez accepter, Mme Monnot, nos salutations les plus respectueuses.
Bien cordialement,
